Le chat, le coq et la renarde I

(conte populaire russe)

Il était une fois un vieux qui avait un chat et un coq. Le vieux partit travailler dans la forêt, le chat lui apporta à manger et le coq resta garder la maison. A ce moment-là survint une renarde.

Cocorico, Coquelet
A la crête d'or !
Regarde par la fenêtre,
Je te donnerai un petit pois !

C'était la renarde qui chantait sous la fenêtre. Le coq ouvrit, passa la tête pour voir qui chantait. La renarde en profita pour le saisir dans ses griffes et l'emporter. Le coq se mit à clamer :
"La renarde m'emporte, moi Coq Coquelet, par-delà les lointaines contrées, par-delà trois fois neuf pays, dans le trois fois dixième royaume ! Chat de la Chattemite, viens me reprendre vite !"
Dans la pleine, le chat entendit le coq clamer, il se lança à la poursuite de la renarde, la rattrappa, lui reprit le coq et le ramena à la maison.
"Prends garde, Coq Coquelet, lui dit le chat, ne mets pas la tête à la fenêtre, n'écoute pas la renarde; elle te mangerait sans laisser de toi le plus petit os !"

A nouveau, le vieux s'en fut travailler dans la forêt et le chat lui porta à manger. Avant de partir, le vieux recommanda au coq de garder la maison et de ne pas mettre la tête à la fenêtre. Mais la renarde, que démangeait l'envie de faire un bon repas, veillait elle aussi. Elle s'approcha de la fenêtre et se mit à chanter :

Cocorico, Coquelet
A la crête d'or !
Regarde par la fenêtre
Je te donnerais un petit pois
Et, avec, de jolies graines !

Le coq marchait dans l'isba en se taisant. La renarde reprit sa chansonnette et jeta le petit pois par la fenêtre. Le coq goba le petit pois et dit :
"Non, renarde, ce n'est pas ainsi que tu me tromperas ! Ce que tu veux, c'est me manger sans laisser de moi le plus petit os ! -- Voyons, Coq Coquelet, qu'est-ce que tu vas t'imaginer ! J'ai seulement envie que tu viennes en visite chez moi, que tu fasses le tour de ma maison et voies un peu comment je vis !" Et elle reprit :

Cocorico, Coquelet
A la crête d'or !
Regarde par la fenêtre
Je t'ai donné un petit pois,
Je te donnerai de jolies graines !

A peine le coq eut-il passé la tête à la fenêtre que la renarde le prenait dans ses griffes. Le coq clame à tue-tête : "La renarde m'emporte, moi, Coq Coquelet, par-delà les bois profonds, par-delà les rives escarpées, par-delà les hautes montagnes ! La renarde veut me manger sans laisser de moi le plus petit os !" Dans la plaine, le chat l'entendit, il se lança à la poursuite de la renarde, lui reprit le coq et le ramena à la maison : "Ne t'avais-je pas dit, de ne pas ouvrir la fenêtre, de ne pas y passer la tête si tu ne voulais pas que la renarde te mange sans laisser de toi le plus petit os ! Cette fois-ci obéis-moi, car demain, nous irons encore plus loin !"

Pour la troisième fois, le vieux partit et le chat lui apporta à manger. La renarde en profita pour se faufiler sous la fenêtre et pour entonner sa chansonnette. Trois fois, elle la chanta, mais le coq tenait bon. La renarde dit : "Qu'est-il donc arrivé ? Coq Coquelet a perdu sa belle voix ! -- Non, non, renarde, n'essaie pas de m'abuser, je ne mettrai pas la tête à la fenêtre !" La renarde jeta par la fenêtre un petit pois et un grain de blé, puis elle chanta :

Cocorico, Coquelet
A la crête d'or,
A la tête qui brille !
Regarde par la fenêtre !
J'ai une grande demeure
Avec, dans chaque coin,
Une mesure de grains !
Il suffit d'en manger un brin
Pour ne plus avoir faim !

Puis elle ajouta : "Tu verrais, Coquelet, toutes les belles choses que j'ai chez moi ! Mais montre-toi donc ! Allons, cesse de croire le chat : si je voulais te manger, ce serait déjà fait. Non, vois-tu, je t'aime, je voudrais te sortir un peu, te conseiller et t'apprendre la vie. Mais montre-toi donc, Coquelet ! Allons, je vais me mettre au coin de la maison !"
Et elle s'embusqua tout contre le mur. Le coq sauta sur le banc et regarda de loin. Puis, comme il voulait s'assurer que la renarde n'y était pas, il pencha la tête à la fenêtre. La renarde l'attrapa et s'enfuit au plus vite.

Le coq clama à nouveau; mais le chat ne pouvait l'entendre. La renarde emporta le coq et le mangea à l'ombre d'un sapin. Il n'en resta rien si ce n'est les plumes et la queue, que le vent emporta. Lorsque le chat et le vieux revinrent à la maison, ils ne trouvèrent pas le coq. Ils pleurèrent, puis ils se dirent : "Voilà ce que c'est que de ne pas écouter !"


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